Foire aux questions

Les réponses à vos interrogations !
  • Qu'est-ce que la TIS Renforcée ?

    La TIS est une méthode de lutte antivectorielle qui consiste à élever en masse des moustiques mâles, les stériliser par irradiation et les relâcher sur le terrain où ils vont stériliser les femelles sauvages. La TIS renforcée consiste, en plus de la stérilisation, à traiter les mâles stériles d’un biocide transmis pendant l’accouplement ou par contact aux femelles permettant de tuer leurs descendances. Elle renforce ainsi l’effet de la TIS « classique ». 

    Dans le cadre du projet Européen ERC Revolinc, coordonné par Jérémy Bouyer du Cirad et impliquant l’IRD MIVEGEC et la division conjointe FAO-AIEA de contrôle des insectes nuisibles comme partenaires principaux, nous souhaitons tester l’approche TIS renforcée contre les moustiques Aedes vecteurs d’arboviroses comme la dengue et le chikungunya: Aedes albopictus et Aedes aegypti.

  • Pourquoi réaliser des essais pilotes de la TIS renforcée à Saint-Joseph ?

    A La Réunion, des essais pilotes de terrain de la TIS renforcée vont cibler le moustique vecteur historique de la dengue et du chikungunya :  Aedes aegypti. Deux sites d’étude sur le littoral de la commune de Saint-Joseph sont ciblés : la ravine de la rue Damour au plateau Vincendo (site des lâchers) et l’embouchure de la rivière Langevin (zone témoin) où les populations de ce moustique sont isolées et les conditions environnementales et climatiques propices à la réalisation de ces essais.

  • Quelle est la durée des essais pilotes de la TIS renforcée à Saint-Joseph ?

    Les essais pilotes comprennent 2 phases :

    - Une phase de marquage-lâchers-recapture pendant 6 semaines du 15 mars à fin avril, au cours de laquelle 10 000 mâles stériles traités par semaine seront lâchés afin d’estimer leur survie et leur compétitivité sexuelle avec les mâles sauvages, ainsi que de comparer deux techniques de lâcher, au sol ou par drone.

    - Une phase de réduction pendant 3 mois de mai à juillet, au cours de laquelle 50 000 mâles stériles par semaine seront lâchés afin d’évaluer si nous avons pu éliminer localement la population d’Aedes aegypti.

  • Quels sont les risques sanitaires pour les populations des deux sites d’étude de Saint-Joseph?

    Une évaluation des risques de l'utilisation du biocide, le pyriproxyfène, utilisé sur les mâles stériles dans le cadre de l’approche TIS renforcée a été réalisée par un bureau d’études indépendant (CEHTRA). Sur la base des informations transmises par le Cirad, l’ANSES a autorisé les essais de terrain pour évaluer l’efficacité de la TIS renforcée sur le moustique Aedes aegypti aux doses revendiquées de pyriproxyfène dans les sites ciblés.

    En ce qui concerne la santé humaine et l’environnement, les concentrations prévues de pyriproxyfène utilisé à des doses infimes sur les moustiques mâles stériles dans le contexte d’essais pilotes de recherche dans le cadre du projet ERC Revolinc dans le site expérimental de la ravine de la rue Damour au plateau Vincendo sur la commune de Saint-Joseph à La  Réunion ne montrent pas de risque inacceptable pour la population humaine en général ainsi que pour les organismes non cibles vivant dans le sol ou dans les eaux douces sur le site d'essai.

    A ces précautions s’ajoute un suivi environnemental réalisé avec l’appui du Groupement de Défense Sanitaire de la Réunion (GDS 974) visant à évaluer dans le cadre du projet ERC Revolinc la dynamique du pyriproxyfène dans les gîtes larvaires naturels d’Aedes aegypti dans le site des lâchers de la ravine de la rue Damour au plateau Vincendo sur la commune de Saint-Joseph et son impact sur la faune non cible (abeilles et chironomes).

  • Quels sont les risques d'utilisation de la TIS Renforcée ?

    A chaque étape technique du projet, le Cirad cherche à assurer la maîtrise de cette technique et vise à respecter les normes et les réglementations.

    Le lâcher de moustiques mâles stériles traités est inoffensif :

    - Seules les moustiques femelles piquent et non les mâles.

    - Les insectes stériles ne peuvent pas se reproduire et ne peuvent donc pas s’implanter dans l’environnement. La TIS n’introduit pas d’espèces exotiques dans un écosystème.

    - Le moustique stérile n’est pas un organisme transgénique.

    - Les moustiques mâles stérilisés par irradiation ne présentent aucun danger pour l’homme : ils ne sont pas radioactifs.

    - Les quantités de pyriproxyfène utilisées sur les mâles stériles sont infimes et non dangereuses pour l’Homme et l’environnement. L’interruption du cycle de reproduction des insectes vecteurs, aussi appelée lutte autocide, est par définition spécifique à chaque espèce.

    Les lâchers par drones :

    Le projet ERC Revolinc, pour ses lâchers de moustiques mâles stériles traités, respecte toutes les réglementations et normes européennes exigées lors d’usage de drones. Un pilote de drone certifié et agréé sera en charge des lâchers. Une demande d’autorisation sera déposée auprès de la Direction de l’Aviation Civile Océan Indien. Ces lâchers de moustiques mâles stériles n’ont pas pour objectif d’éradiquer l’espèce ciblée, Aedes aegypti, de l’île de La Réunion mais d’éliminer localement une population isolée de ces moustiques.

  • Quelles perspectives après ces essais pilotes de la TIS renforcée à Saint-Joseph ?

    C’est la première fois que l’on va tester sur le terrain le concept de la TIS renforcée et l’utilisation de drones pour les lâchers de moustiques mâles en zone urbaine. Le bilan de ces essais pilotes sera restitué à tous les acteurs et partenaires concernés.

    Par la suite, ces essais pilotes auront une utilité de par leurs résultats et les développements technologiques mis en place et éprouvés sur le terrain pour lutter contre le moustique vecteur majeur de la dengue et du chikungunya à La Réunion, Aedes albopictus, ou d’autres espèces d’intérêt médical ou agricole comme les ravageurs de culture (la mouche des fruits asiatiques par exemple).

  • Quelle différence avec le projet TIS « classique » mené par l’IRD à La Réunion ?

    Après accord avec nos partenaires, notamment l’ARS Réunion et l’IRD MIVEGEC, nous ne voulons pas interférer avec le projet TIS « classique » porté par l’IRD MIVEGEC qui vise à réaliser un essai sur le terrain en septembre 2021 sur la commune de Sainte-Marie contre le moustique vecteur majeur de la dengue et du chikungunya à La Réunion : Aedes albopictus. Une extension de l’approche TIS renforcée à ce moustique vecteur pourra être envisagée dans un second temps, en fonction des résultats préliminaires des deux projets.

    Notre essai pilote vise aussi à démontrer que la TIS renforcée permet d’éliminer localement un moustique vecteur lorsque celui-ci est relativement isolé comme c’est le cas d’Aedes aegypti à La Réunion. En termes de santé publique, si la TIS classique permet de réduire voire d’éliminer Aedes albopictus, Aedes aegypti pourrait recoloniser la niche écologique laissée vide par Aedes albopictus i.e. les zones urbaines littorales de La  Réunion et maintenir voire amplifier le risque vectoriel lié aux  arboviroses (dengue et chikungunya), comme soulignée par les comités d’experts AFB et HCSP. Notez que des essais terrain de la TIS renforcée réalisés parallèlement en Espagne dans le cadre du projet ERC Revolinc viseront eux Aedes albopictus.

  • D'où viennent les moustiques utilisés pour les essais pilotes de la TIS renforcée à St Joseph ?

    Les moustiques mâles stériles sont produits au laboratoire FAO-AIEA de contrôle des insectes nuisibles, en Autriche, à partir d’une souche réunionnaise qui a été envoyée par l’ARS Réunion. Ils seront envoyés pour les essais pilotes de la TIS renforcée à St Joseph par courrier rapide dans un système de transport sécurisé selon des méthodes éprouvées par le laboratoire FAO-AIEA avec triple emballage et refroidis à 10°C pour qu’il dorment pendant le trajet.

  • Quels sont les avantages de la TIS renforcée ? Pourquoi utiliser cette technique ?

    Au-delà d’entrer en compétition avec les moustiques mâles sauvages, les mâles stériles vont être recouvert d’un biocide, le pyriproxyfène, avant leurs lâchers. Une fois accouplés avec les femelles sauvages, ils vont leur transmettre du sperme stérile et/ou ce biocide. Il est plus simple pour un mâle de toucher une femelle que de s’accoupler avec elle. La femelle ainsi contaminée va emporter le pyriproxyfène dans son gîte larvaire et contaminer alors les œufs et les larves déposés par elle et d’autres femelles qui n’auraient pas rencontré de moustiques mâles stériles. Cibler une espèce par ses mâles entraine une spécificité d’action et ajouter un biocide rend cette technique plus avantageuse et plus efficace.